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Baudis /​ La Dépêche. Un nouvel épisode du « Dallas » toulousain

DepecheJ’en avais marre de ma tronche «à la une». Au départ je voulais faire sympa, et même – attendez, je lâche le mot : convivial !, comme y engage la maquette du blog, avec sa fenêtre fournie. Donc, j’y ai mis une caricature, c’est moins narcisso, non ? Pas trop maso non plus (j’ai gommé le texte !)… C’est Jiho, dessinateur à La Dépêche du Midi, qui m’avait croqué, un jour que je prêchais la bonne presse dans les eaux de la Garonne. Sans grand effet, direz-vous, perfides, en songeant aux malheurs de Dominique Baudis. Nous y voilà.

C’est qu’il lui en veut au quotidien toulousain ! Je me garde bien de m’en mêler, d’autant qu’il y a du judiciaire dans l’air… M’enfin – «c’est pour dire», – cette dernière affaire ne me semble que le prolongement d’une guerre picrocholine, ancestrale – voire archaïque – qui agite, si j’ose dire, eu égard à mes amis bretons, toulousains et rabelaisiens, le landerneau de la «ville rose», laquelle n’est pas Dallas, ou alors si : dans sa version d'opérette. Voyons voir.

J’en rappellerai juste les principaux ingrédients, ce qu'il faut pour mitonner un bon cassoulet à la sauce radicale… Y distinguer gauche et droite là-dedans, c’est éprouver l’angoisse de la chatte devant ses prolifiques portées.

Baylet_lyon2004

En tout cas on y trouve les Baylet, ah ça oui ! Père, mère, fiston et filles. Soit, dans l’ordre :
- Jean, le patriarche, proprio historique du «Journal de la démocratie», démocratie devant être compris au sens du radicalisme méridional. Il est mort dans les années 50, lors d’un accident de voiture fort commenté à l’époque ; il a sa rue à Toulouse, et c’est la rue du journal – hé ! ;

- La mère, Évelyne, qui prend les rênes du journal à la mort du mari pour y régner en maîtresse femme pendant quelques décennies et au-delà, puisqu’elle figure toujours dans l’ours comme «Présidente d’honneur et Directeur de la rédaction» (notez le masculin du second titre…). C’est cette omni-présence et -potence qui a valu au fils:

- Jean-Michel, son sobriquet de «veau sous la mère», accolé à jamais par le Canard enchaîné. Ayant toutefois grandi, Jean-Mi' est devenu Pdg du journal et responsable de la rédaction, président du Parti radical de gauche, sénateur et enfin président du conseil général du Tarn-et-Garonne : le Notable en inox;

- Les filles : Martine, intéressée au journal par ses parts dans le capital (détenu à 61% par la famille Baylet). Et Danièle, plus connue sous le nom de Dany Mallet. C’est la brebis noire du clan, celle qui a trahi pour rallier l’autre famille ennemie, celle des Baudis.

On ne va pas ici bâtir une généalogie de l'autre clan, mais nous limiter au père, Pierre Baudis, maire à répétition de Toulouse, qui transmettra la charge au fils, Dominique. La cassure héréditaire viendra avec Douste-Blazy par adoubement entre copains, suivi de la trahison que l’on sait.

C’est beau comme de la tragédie antique. D’ailleurs, pour en revenir à Dany, celle-ci ne partage même pas les vues du radicalisme familial. Et ne voilà-t-il pas qu’un jour sinistre elle rejoint la branche droitière de l’autre radicalisme toulousain ! Et, ô traîtresse ennemie, de siéger comme élue au conseil municipal de Dominique ! En 1999, Dany Mallet ira même jusqu’à mettre en vente sa part des 39% d’actions de La Dépêche qu’elle co-détenait avec une autre actionnaire. Là s’arrête (en tout cas ici) le volet financier de la saga des Baylet.

Heros_chantale

Ça fait tellement feuilleton, n’est-ce pas ? Et ben oui, pas manqué : en 1985, la réalité devient fiction sous le titre «Châteauvallon», un «Dallas» à la française, une série qui, dès le premier épisode, va tenir en haleine plus de quatorze millions de téléspectateurs ! Du jamais vu !

La «ressemblance avec des personnages existants…» paraît si peu fortuite (l’actrice Chantal Nobel, sous le nom de Florence Berg, dirige un journal qui s’appelle… La Dépêche !) qu’Évelyne voit rouge et se démène pour faire interdire la diffusion du feuilleton. En vain. Sinon qu’elle obtiendra de faire porter au générique la fameuse formule déniant l’évidence de «toute ressemblance avec La Dépêche». Ce qui permit d’affranchir les rares attardés qui n’auraient pas eu fait le rapprochement… Je ne sais plus si le feuilleton allait jusqu’à mettre en scène le personnage de René Bousquet dont le passé de collaborateur ne l’empêcha pas de devenir après la Libération administrateur de cette même Dépêche du Midi, la vraie…

Je raconte tout ça, qui peut sembler anecdotique. On dira que c’est la vie. Oui. Cette histoire-là montre, s’il le fallait, l’ambiguïté des situations et des comportements humains. Elle dit aussi à quel point les postures d’affaire et de pouvoir sont agies par des courants pas forcément politiques – du moins au sens des apparences. L’histoire d’un journal, comme une saga parmi d’autres. Un tableau de la société, la nôtre, où l’on comprend aussi pourquoi les hommes et femmes de Pouvoir peuvent attacher tant de prix au contrôle des médias.

---> Photos : Jean-Michel Baylet, Pdg de La Dépêche et président du Parti des radicaux de gauche, à Lyon, au congrès de 2004.
---> La comédienne Chantal Nobel dans "Chateauvallon" (1985). Elle tenait le rôle-vedette de Florence Berg, directrice de La Dépêche.

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