Islamisme. Une insulte contre la foi et tout bascule dans le fanatisme
Article republié. 1re publication le 17 septembre 2012
Innocence of Muslims, produite en 2012, fut alors attribuée à un certain Nakoula Basseley Nakoula, un copte égyptien résidant en Californie, sous le pseudonyme de « Sam Bacile ». Selon lui, il s’agissait de dénoncer les hypocrisies de l'islam en mettant en scène des passages de la vie de Mahomet…
À cette occasion, une de plus, j’avais publié un article sur lequel je viens de retomber et qui me semble toujours assez actuel, hélas, pour le publier à nouveau.
Hier une vidéo, aujourd’hui un habillement. Et toujours les déchaînements fanatiques, des affrontements, des violences, des morts.
[dropcap]Il[/dropcap] a donc suffi d’une vidéo de dix minutes pour ranimer la flamme du fanatisme islamiste. Cette actualité atterrante et celle des vingt ans passés le montrent : des trois religions révélées, l’islam est aujourd’hui la plus controversée, voire rejetée[ref]En dehors du monde musulman, évidemment… Bien que des oppositions plus ou moins déclarées apparaissent ça et là dans l'islam.[/ref]. Tandis que la judaïque et la chrétienne, tapies dans l’ombre tapageuse de leur concurrente, font en quelque sorte le dos rond – ce n’est pas leur tour. En ce sens, elles peuvent se donner à voir comme les « meilleures », alors qu’elles n’ont pas manqué d’être les pires dans leurs époques historiques flamboyantes, et qu’elles ne sont toujours pas en reste pour ce qui est de leurs dogmes, les plus rétrogrades et répressifs.[ref]Même si on met un peu à part le judaïsme : cette religion sans visée planétaire directe retrouve toutefois le christianisme – ne dit-on pas le judéo-christianisme ? – et l’islamisme dans cette même volonté de pénétrer jusque dans les têtes et les ventres de chacun. En ce sens, celles qui se présentent comme les « meilleures » parviennent bien à être les pires dans leurs manœuvres permanentes d’aliénation. De même que leur « modération » demeure relative à leur stratégie hégémonique.[/ref]
Préalable : parler « religions » ici c’est considérer les appareils, et non pas leurs adeptes, ni leurs victimes plus ou moins consentantes. C’est donc parler des clergés, des dogmes et des cohortes activistes et prosélytes. On en dirait autant des idéologies, dont les pires – fascistes et nazies –, construites comme des religions, ont entaché l’Histoire selon des schémas similaires. Donc, distinguer les « humbles pécheurs » consentants, ou mystifiés par leurs « libérateurs », tout comme on ne confondra pas ces militants aux grands cœurs abusés par les Staline, Hitler et autres tyrans de tous les temps.
Parlons donc de l’islam politique, mis en exhibition dramatique sur la scène planétaire, voulant en quelque sorte se prouver aux yeux du monde. Aussi recourt-il à la violence spectaculaire, celle-là même qui le rend chaque jour plus haïssable et le renforce du même coup dans sa propre et vindicative désespérance. Et ainsi apparaît-il à la fois comme cause et conséquence de son propre enfermement dans ce cercle vicieux.
Que recouvre l’islamisme, sinon peut-être la souffrance de cette fraction de l’humanité qui se trouve marginalisée, par la faute de cet « Occident » corrompu et « infidèle » ? C’est en tout cas le message que tente de faire passer auprès du milliard et plus de musulmans répartis sur la planète, les plus activistes et djihadistes de leurs meneurs, trop heureux de décharger ainsi sur ce bouc émissaire leur propre part de responsabilité quant à leur mise en marge de la « modernité ». Modernité à laquelle ils aspirent cependant en partie – ou tout au moins une part importante de la jeunesse musulmane. D’où cette puissante tension interne entre intégrisme mortifère et désir d’affranchissement des contraintes obscurantistes, entre gérontocrates intégristes et jeunesses revendicatives. D’où cette pression de « cocotte minute » et ces manifestations collectives sans lesquelles les sociétés musulmanes risqueraient l’implosion. D’où, plus avant, les « printemps arabes » et leurs normalisations politiques successives – à l’exception notable de la Tunisie.
Un nouvel épisode de poussées cléricales d’intégrisme se produit donc aujourd’hui avec la promotion d’une vidéo dénigrant l'islam diffusée sur la toile mondiale et attribuée à un auteur israélo-américain – ou à des sources indéfinies[ref]Sources qui demeurent encore floues quatre ans après.[/ref]. Prétexte à ranimer – si tant est qu’elle se soit assoupie – la flamme des fanatiques toujours à l’affût.
On pourrait épiloguer sur ces conditionnements reptiliens (je parle des cerveaux, pas des personnes…) qui se déchaînent avec la plus extrême violence à la moindre provocation du genre. De tout récents ouvrages et articles ont ravivé le débat, notamment depuis la nouvelle fièvre éruptive qui a saisi les systèmes monothéistes à partir de son foyer le plus sensible, à savoir le Moyen Orient. De là et, partant, de la sous-région, depuis des siècles et des siècles, au nom de leur Dieu, juifs, chrétiens, musulmans – et leurs sous-divisions prophétiques et sectaires – ont essaimé sur l’ensemble de la planète, installé des comptoirs et des états-majors, lancé escouades et armées entières, torturé et massacré des êtres humains par millions, au mépris de la vie hic et nunc, maintenant et ici-bas sur cette Terre, elle aussi martyrisée. Et le tout au nom d’un Au-delà hypothétique, proscrivant à chacun sa libre conscience et l’art d’arranger au mieux la vie brève et, de surcroît, pour le bien de l’entière humanité.
Va pour les croyances, qu’on ne discutera pas ici… Mais qu’en est-il de ces systèmes séculiers proliférant sur les plus noirs obscurantismes ? On parle aujourd’hui de l’islam parce que les guerres religieuses l’ont replacé en leur centre ; ce qui permet aux deux autres de se revirginiser sur l’air de la modération. Parce que l’islamisme « modéré » – voir en Tunisie, Libye, Égypte ; en Iran, Iraq, Afghanistan, Pakistan, etc. – n’est jamais qu’un oxymore auquel judaïsme et christianisme adhèrent obséquieusement, par « charité bien comprise » en direction de leur propre « modération », une sorte d’investissement sur l’avenir autant que sur le passé lourd d’atrocités. Passé sur lequel il s’agit de jeter un voile noir, afin de nier l’Histoire au profit des mythologies monothéistes, les affabulations entretenues autour des messies et prophètes, dont les « biographies » incertaines, polies par le temps autant que manipulées, permettent, en effet, de jeter pour le moins des doutes non seulement sur leur réalité existentielle, mais surtout sur les interprétations dont ces figures ont pu être l’objet. Quid, en effet, d’un Mahomet tel que dépeint ici ou là – c’est selon évidemment – comme ignare, voleur, manipulateur, cupide et amateur de fillettes ? Pas plus réel que sa divinisation, ni celle de Moïse et de Jésus construits hors de leur propre réalité, selon des contes infantiles psalmodiés et faisant appel à la plus totale crédulité.
Mais, admettons que les hommes aient créé leurs dieux par nécessité, celle de combler leurs angoisses existentielles, de panser leurs misères, leurs vertiges face à l’univers et devant l’inconnu des lendemains et d’après la mort. Admettons cela et regardons l’humanité dans la perspective de son devenir et de son évolution – dans le fait de se lever sur ses deux jambes et même de se monter sur la pointe des pieds pour tenter de voir « par dessus » ce qui abaisse, s’élever dans la condition d’humains désirant, parlant, connaissant, comprenant, aimant.
Alors, ces religions d’ « amour », ont-elles apporté la paix, la vie libre et joyeuse, la justice, la connaissance ? Et la tolérance ? Ou ont-elles aliéné hommes et femmes – surtout les femmes… –, maltraité les enfants, méprisé les animaux ; inculqué la culpabilité et la soumission ; attaqué la philosophie et la science ; colonisé la culture et imprégné jusqu’au langage ; jeté des interdits sur la sexualité et les mœurs (contraception, avortement, mariage et même l’alimentation) ; commandé à la politique et aux puissants…
Torah, Bible, Évangiles, Coran – comment admettre que ces écrits, et a fortiori un seul, puisse contenir et exprimer LA vérité ? Par quels renoncements l’humain a-t-il cheminé pour finalement dissoudre sa rationalité et son jugement ? Mystère de la croyance… Soit ! encore une fois passons sur ce chapitre de l’insondable ! Mais, tout de même, la religion comme système séculier, comme ordre ecclésial, avec ses cohortes, ses palais, ses forteresses spirituelles et temporelles… Son histoire marquée en profondeur par la violence : croisades, Inquisition (je voyais l’autre soir sur Arte, Les Fantômes de Goya, de Milos Forman… ; une histoire de tout juste deux siècles !), guerres religieuses, Saint-Barthélemy, les bûchers, et aussi les colonisations, ethnocides, soutiens aux fascismes… Ça c’est pour le judéo-christianisme.
Côté islamisme, qui dit se dispenser de clergé, son emprise ne s’en trouve que plus entièrement diluée dans les sociétés, d’où l’impossible laïcisme des islamistes, se voudraient-ils « modérés ». Et que penser de cette violence endémique devenue synonyme d’islam, jusque dans nos contrées d’immigration où d’autres extrémismes en nourrissent leurs fonds de commerce nationalistes ? Sans doute un héritage du Coran lui-même et de Mahomet présenté dans son histoire comme le « Maître de la vengeance » et celui qui anéantit les mécréants… Voir sur ce chapitre les nombreuses sourates invoquant l’anéantissement des juifs, chrétiens et infidèles – tandis que, plus loin, d’autres versets promulguent une « sentence d’amitié » – contradiction ou signe opportuniste de « tolérance » ? Voir en réponse les fatwas de condamnation à mort – dont celles de Salman Rushdie par Khomeiny (avec mise à prix rehaussée des jours-ci ![ref]2012[/ref]) et de Taslima Nasreen qui a dû s’exiler de son pays, le Bengladesh. Voir l’assassinat de Théo van Gogh à Amsterdam, poignardé puis achevé de huit balles et égorgé en pleine rue ; dans un documentaire, il venait de dénoncer le traitement réservé aux femmes dans l’islam.[Le voir ci-dessous.][ref]Dans ma version de septembre 2012, j’avais manqué, à tort, d’évoquer le cas de Ayaan Hirsi Ali, femme politique et écrivaine néerlando-somalienne connue pour son militantisme contre l'excision et ses prises de position sur la religion musulmane. Elle fut menacée de mort par Mohammed Bouyeri, assassin du cinéaste Theo van Gogh, notamment à la suite de sa participation au court-métrage du réalisateur qui dénonçait les violences faites aux femmes dans les pays musulmans.[/ref]
Même double langage chez le dieu juif Yahvé pour justifier…l’extermination de certains peuples de Palestine (dont les Cananéens…) Cela en vertu du fait que les juifs seraient "le peuple élu de Dieu", dont le premier commandement est « Tu ne tueras pas » ! Ce fantasme juif alimente en les légitimant le colonialisme et ce qui s’ensuit en Palestine et l’affrontement des théocraties. Affrontement également par affidés interposés et leurs États ou organisations terroristes : Bush contre Al Quaïda, Tsahal contre le Hezbollah, "kamikazes" contre population civile. Violences innommables, guerres sans fin.
Quant au film « blasphématoire » qui agite de plus belle les fanatiques islamistes, il est curieux que nos médias de masse, radios et télés, semblent en contester la légitimité du fait qu’il serait bricolé, mal ficelé, « pas pro »… Comme s’il s’agissait d’une question d’esthétique ! Quoi qu’il soit et quels que soient ses commanditaires, il fait bien apparaître par les répliques qu’il provoque le niveau de fanatisme imprégnant les pays musulmans. Ce qui s’était déjà produit avec les caricatures danoises de Mahomet, dont certains avaient, de même, contesté la qualité artistique ! Et Goya, au fait, lorsqu’il représentait les visages de l’Inquisition, était-ce bien esthétique ? [ref]Le Guernica de Picasso n’est pas non plus une œuvre esthétique ![/ref]
La question ne porte aucunement sur la nature du « sacrilège » mais sur la disproportion de la réplique engendrée, allant jusqu’à mort d’hommes – l’ambassadeur états-unien et de ses collaborateurs en Libye, victimes sacrificielles et à ce titre totalement inscrites dans un processus d’expiation religieuse !
Et plus près de nous, que dire des provocations menées à Paris devant l’ambassade américaine ? Et aussi à La Courneuve, lors de la fête de l’Huma où Caroline Fourest a été chahutée, menacée, insultée et empêchée de débattre – entre autres sur ces questions d’intégrisme qui font les choux gras du Front national !
Comme quoi, pour résumer, une insulte contre la foi – ou ce qui en tient lieu –constitue un crime plus grave que de s’en prendre à un être vivant.
17 septembre 2012
Il s’agit de « religiosiser » ou non, en plus ou davantage, la société. Il ne s’agit que ce cela : l’islam (religion) veut s’imposer publiquement dans la vie publique, comme une religion DE PLUS et qui n’est pas des plus ouverte qui plus est. On oublie que si les soutanes et autres colorettes ont disparues de la rue, c’est bien parce que les gens de la rue on agit pour cela. On avait même (avant le retour des terrorisants) réussi à donner la honte aux personnes qui se trimballaient en uniforme militaire de sorte que, eux aussi, avaient disparu de la rue.
Revoir surgir sur la place publique des étendards têtus et emmitouflant en plein été, des cuirassement de tissus vestimentaires, l’enfermement des femmes dans les locaux matrimoniaux, et le reste, ça fout les boules. Et c’est de cela qu’il s’agit. (https://fr.scribd.com/document/318917208/Le-Coran-et-ses-Femmes)
Mais on voit des jeunes gens qui défendent ces aliénations, comme sujet à la tolérance, parce que le sens de l’histoire du vécu de la rue a disparu derrière les walkmans et autre ipoderies, et ces jeunes gens se veulent protecteurs de cette « oppression » de l’anti-clérical.
Les gens, dans leur propre souffrance d’isolement social (dont le périmètre de socialité se résume à un degré de plus que la famille, c’est-à-dire l’espace du « travail ») et l’isolement de histoire du vécu de leur parents dont ils ne savent plus parler (dire de mots compréhensibles) que par le silence de leur vécu (de la même manière qu’il est devenu honteux aujourd’hui de faire la grève pour défendre ses acquis sociaux, alors que nous fêtions cela à coups de gros rouge !) ne veulent plus avoir qu’à se reconnaître dans cette oppression. cette contradiction les obligent à la « religiosité », c’est à dire ce que leur parents considéraient comme une aliénation contre laquelle ils se sont battu pour se défaire.
De sorte que l’évidence (on se découvre lorsqu’on rentre dans un restaurant, pour ne pas manger la poussière de la rue – j’ai connu l’époque où même les policiers se découvraient lorsqu’ils passaient le pas d’une bibliothèque, par respect pour le savoir) –, qui qu’on soit ; on ne peut pas comparer la courtesse des jupons d’une époque qui veut se libérer des carcans de la pudibonderie à la pudibonderie d’une autre actuelle qui veut se la montrer, etc.) disparait.
Et l’évidence de la politesse (de ne pas trop en faire pour respecter les autres qui ne sont pas comme vous pour quelque raison que ce soit et ce qui, malgré tout permet encore bien de l’expression personnelle !!!), la politesse, tout cela se dissimule derrière le droit à la religion, à être aliéné par une idéologie qui est même devenue intouchable.
Il ne s’agit donc pas (ou plus) d’un retour au colonialisme contestataire, mais bien à une reconquête du territoire religieux dans la vie publique ; reconquête où l’ensemble du monde religieux (catho, protesto, juifo, islamo) joue de concert. Et cela est très contestable.
Car ce religieux, comme par contraste, me dit que, moi, j’ai tord de lui faire du tord quand il m’en fait. Je devrais avoir honte d’être en bikini, de ne pas me couvrir le chef, de ne pas me raser la moustache, je devrais avoir honte à l’effroi de me servir de ma fourchette de la main gauche, d’aimer la musique, de jouir de la vie avec mon amie, sexuellement et d’user pour cela de moyens contraceptifs, de vouloir protéger mon enfant mâle de la circoncision (dont on arrive à dire qu’elle protège du sida, sans prendre en considération la déficience locale de l’hygiène intime qui est une relation à soi et aux autres), de ne pas me sentir sous la coupelle irritable d’un dieu mâle, et le reste. De tout cela, plus rien n’est critiquable, je dois rester muet ! Disons-nous bien que ce SEUL fait de ne pouvoir rien dire est attentatoire à la liberté, car alors le religieux marche la tête haute sur cette liberté.
Faisons attention que tout cela ne vienne s’affirmer comme les armes d’une Guerre Sainte, pas la mienne ni pour moi, ni la mienne, bien sûr… mais contre moi.