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« C’est l’école qui créé l’islamisme ! » Entretien avec Hamid Zanaz, écrivain algérien

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Hamid Zanaz (Ph. Valette)

Article republié.               1republication le 16 septembre 2015 

[dropcap]Algérien[/dropcap], Hamid Zanaz vit en France depuis une vingtaine d’années. Il n'est retourné en Algérie que tout récemment. Écrivain, traducteur et journaliste, il publie abondamment dans des médias arabes, tunisiens, algériens et libanais principalement. Pour lui, il n’y a rien à retenir de la religion du prophète, islam et islamisme sont synonymes. Paradoxe : malgré les interdictions et la répression, il se sent plus libre d’écrire dans certains médias arabophones qu’en France… Ce détracteur résolu de l’islam explique pourquoi et nous livre son regard sur le monde arabe et l’Algérie. Pessimiste, ironique et bon-vivant, il poursuit son œuvre-combat. Son dernier ouvrage est titré Islamisme: comment l’Occident creuse sa tombe. Qui va le croire ?

 

Interview  par Mireille Vallette, du site suisse LesObservateurs.ch [avec les vifs remerciements de C’est pour dire].

• Vous ne voulez plus publier d’ouvrages en français. Pourquoi ?

– Hamid Zanaz : Ce que je publie dans certains pays arabes, jamais je ne pourrais l’écrire en France. Même si en principe tout est interdit là-bas, le débat a lieu. Je viens de traduire du français en arabe un livre sur l’origine du monde qui est une vraie gifle à la religion. Ici, on a peur d’être traité de raciste. Dans les pays musulmans, je peux être traité de mécréant, jamais de raciste.

• D’autres exemples de ce que vous pouvez dire là-bas ?

– Je peux écrire qu’il n’y a pas de différence entre islam et islamisme, ou que le public de Dieudonné est formé à 80% de racaille islamique. Pas en France ou alors seulement dans des sites au public limité, et au risque d’ennuis judicaires… Valls, lorsqu’il parle des djihadistes, il fait attention à ne pas dire qu’ils sont musulmans. C’est ridicule ! Je publie en ce moment une série d’articles dans un quotidien libanais arabophone. Ce sont des interviews de femmes arabes rebelles, dont Wafa Sultan et des femmes encore plus radicales. J’en ferai un livre en arabe intitulé « Ma voix n’est pas une honte », en référence à Mahomet dans l’un de ses Hadiths.

• Pour vous, la pauvreté en est-elle le terreau de l’intégrisme ?

– Contrairement à ce que veulent croire les Occidentaux, ce n’est pas la misère et la discrimination qui ont créé l’islamisme, c’est l’école ! C’est la possibilité de lire. Avant, les religieux transmettaient un islam populaire, c’est-à-dire mal compris. Les gens étaient inconsciemment travaillés par la modernité, ils y adhéraient peu à peu. Lorsque l’enseignement a été arabisé en Algérie, les gens et les imams ont pu connaître l’islam savant, « le vrai islam ». Et quand ils l’ont connu, ils sont naturellement devenus intégristes et ils ont commencé à réclamer l’application de cet islam, la charia. Mais en fait, une bonne partie de la population lit peu, elle dépend souvent de quelqu’un qui cite ce qu’il y a dans les textes. En Algérie, c’est surtout l’Etat qui islamise, c’est l’offre qui crée la demande. Je regarde parfois des émissions sur des TV algériennes. L’autre jour, je tombe sur des questions-réponses avec un type connu, autoproclamé spécialiste de l’islam. Une femme dit : j’ai des problèmes avec mon mari, il fait ceci et cela qui n’est pas justeEt lui répond : pour plaire à Allah, tu dois suivre tout ce que dit ton mari.

• Pensez-vous que la jeunesse du monde arabe représente un espoir ?

– Non, la jeunesse du monde arabe ne change pas, mis à part une minorité. L’école fabrique des intégristes jour et nuit. J’ai été prof de philo au lycée. Lorsque tu traites de l’Etat par exemple, le programme t’oblige à faire la liste des méfaits et des avantages du capitalisme et du socialisme, puis à faire la synthèse et à donner la solution : c’est l’Etat islamique. Les jeunes ne sont pas fanatisés par internet, ils sont d’abord islamisés dans les mosquées et les institutions de l’Etat. L’Internet, c’est le passage à la pratique.

• Mais les préceptes, par exemple relatifs à la sexualité, sont extraordinairement sévères. La population réussit-elle à les respecter ?

– Non, même s’ils sont programmés par le logiciel islamique, les gens ne peuvent pas résister, la vie est plus forte. C’est une vaste hypocrisie. Quand je suis arrivé en Algérie, je suis allé dans un bar où il y avait des femmes et des hommes, où l’on buvait de l’alcool. Mais c’est devenu presque clandestin, ces lieux ferment petit à petit… souvent sous la pression des habitants du quartier.

• Comment est-ce que le pouvoir se maintient ?

– Dans ce pays, il y a deux opiums, la religion et l’argent. L’Algérie ne se développe pas, mais pour garder le pouvoir, les autorités ont créé une sorte d’Etat-providence. Ils achètent la paix sociale et rappellent constamment qu’ils ont stoppé le terrorisme des années 90. Pour l’instant, ça marche. Mais il n’y a pas de pouvoir fort, les Algériens se sont toujours rebellés. En résumé, c’est le bordel !

• Et à votre avis, ce régime peut tenir jusqu’à quand?

Jusqu’à la famine… jusqu’à ce que la manne pétrolière soit épuisée ou concurrencée par d’autres formes d’énergie. Le problème de l’islam va se régler quand il n’y aura plus de pétrole. Franchement, qui écouterait l’Arabie saoudite ou le Qatar s’ils n’en ’avaient pas ?

• En Algérie, avez-vous ressenti l’explosion démographique ?

– Les bâtiments envahissent tout, on ne cesse de construire. Si ça continue comme ça, dans 50 ans, il n’y aura plus d’espace non-bâti. Il n’y a pas de travail. La pollution est terrible, les autoroutes délabrées… C’est le chaos partout. Mais j’y ai fait un beau séjour, il y a la famille, la mer…

• Que pensez-vous du cas tunisien ?

– J’ai toujours aimé ce pays, c’est une exception dans le monde arabe. C’est dû à l’apport de Bourguiba, il avait vraiment compris le danger de l’islam, entre autres dans l’enseignement. L’éducation a bien fonctionné, elle a produit une élite laïque très bien formée et sa résistance à la pression religieuse est extraordinaire ! Je les admire ! Ces Tunisiens défendent la laïcité plus et mieux que les Français et dans un climat hostile.


« Il est grand le bonheur des musulmans » 

Illustration affligeante du conditionnement religieux infligé à des enfants…
https://youtu.be/DtEaJwvBm9g

Ndlr : ce document accablant a été retiré de la toile… J'en laisse la trace, comme pièce "à conviction"…

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12 réflexions sur “<span class="dquo">«</span> C’est l’école qui créé l’islamisme ! » Entretien avec Hamid Zanaz, écrivain algérien

    • Bonsoir Martial. Je pense que l’au­teur ne parle pas pré­ci­sé­ment des écoles cora­niques ; il n’y a pas lieu, puisque les autres écoles algé­riennes, y com­pris publiques, à ce que je comprends,dispensent un ensei­gne­ment tota­le­ment orien­té vers l’is­lam (pour ne pas dire vers La Mecque…).

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      • mohzaatra

        Tout est faux(ton commentaire).L’ecole Algerienne enri­chit vos labo­ra­toires scien​ti​fiques​.La fuite des cer­veaux ? Tu connais ?

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        • Ah bon ? En Algérie, l’en­sei­gne­ment serait donc laïque ? Et la fuite des cer­veaux isla­mistes, ça vien­drait de quelle école ?

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    • moh zaatra

      Hamid m’est ami depuis 40 ans.Et,c’est un cou­sin ‚aus​si​.Je reste musul­man de gauche.

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  • Mieux vaut tout lire avant de por­ter un juge­ment induit par l’intitulé un tan­ti­net racoleur…

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  • Là, je com­prends encore moins Gerard, ( un point sur l’en­sei­gne­ment pré­cis et les dif­fé­rences par rap­port à la France svp). Et pour­quoi dit-il qu’en France, il ne pour­rait s’ex­pri­mer entièrement ?

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    • En effet, ça pour­rait être détaillé ou dit plus clai­re­ment ; le com­men­taire ci-contre, de Gian, répond au moins en par­tie à votre ques­tion­ne­ment quand il parle de « cen­sure de la bien­pen­sance » (ce qu’on appelle aus­si le « poli­ti­que­ment correct ».

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  • Gian

    Slt !
    Oui, mais El Watan signa­lait récem­ment la mul­ti­pli­ca­tion rapide des écoles pri­vées dans les grandes villes algé­riennes, sans pré­ci­ser pour autant si c’é­tait pour échap­per à l’is­la­mi­sa­tion ou, a contra­rio, la renforcer.
    Cela dit, Kamel Daoud et Boualem Sansal disent exac­te­ment les mêmes choses que Hamid Zanaz, en par­ti­cu­lier qu’ils se sentent plus libres pour cri­ti­quer l’is­lam en Algérie qu’en France, où la cen­sure de la bien­pen­sance est orwel­lienne. Je crains cepen­dant que leur licence rela­tive soit pro­mise à l’ex­tinc­tion, et qu’a­vant d’être fat­waï­sés, ils puissent migrer (pour Daoud c’est déjà fait) pour gar­der toutes leurs têtes, quitte à fein­ter avec la cen­sure. En tous les cas, avec les Femens algé­rienne et tuni­sienne du Salon musul­man de Pontoise, des exemples d’in­sou­mis­sion et de cou­rage à la hau­teur de leur luci­di­té. Total respect !

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  • De toutes façons, une reli­gion ou autre jus­ti­fi­ca­tion sociale, qui exècre la fémi­ni­té au point de vou­loir la dis­si­mu­ler publi­que­ment doit poser la ques­tion de la liber­té de vivre de cette fémi­ni­té qui fait par­ti de la Vie. Qui a peur de la fémi­ni­té à tel point qu’il faille en cacher, à soi et aux autres, l’exis­tence ? L’homme. Et la femme, déten­trice de cette fémi­ni­té, que doit-elle subir pour satis­faire cette hantise ?

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  • BION

    Une mis en cause de plus à faire valoir contre les reli­gions et l’argent …
    Mais ne devrait-on pas repen­ser les bases du sys­tème d’ac­qui­si­tion des connais­sances : les ins­ti­tu­tions sco­laires (notam­ment son mono­pole et sa récupération) ?
    BION

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  • Pierre

    Quand un algé­rien nous dit qu’il n’y a pas de dif­fé­rence entre islam et isla­misme et quand il pré­cise que dire cela en France, c’est pas­ser pour un raciste, il nous dit énor­mé­ment de choses ; et de sur­croît sans le moindre esprit polé­mique. Il faut donc savoir l’en­tendre et le méditer.

    Après… Réagir ? Donner son avis ?… Il me semble hélas que le blog n’est pas le meilleur moyen pour le faire. 3opinion n’est pas cri­tique ». Tout au plus puis-je dire que, par expé­rience de vie, je suis plu­tôt enclin à abon­der dans son sens.

    De manière géné­rale, je suis tou­jours éton­né quand j’en­tends dire que le mot « reli­gion » vient d’un mot latin qui veut dire « relier » : je ne connais rien de plus cli­vant que le phé­no­mène reli­gieux. J’inclue ici ce que Raymond Aron qua­li­fiait de « reli­gion sécu­lière » : la politique.

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