Écologistes en action. Petit inventaire à la Khmers verts
Par Daniel Chaize*
Une névrose ordinaire
Le trajet historique des Verts illustre à sa manière – caricaturale – la question centrale du pouvoir politique ramenée à celle de la conquête politicienne, elle-même expression des égos en mal de reconnaissance. Ce « petit inventaire » brossé par mon ami Daniel Chaize, vient nourrir l’interrogation ancestrale liée chez l’homme à la domination et à l’exercice de la puissance, toutes deux avançant masquées, de nos jours et il semblerait « de toute éternité », derrière le paravent de la politique comme lieu de vertu, voire de sacrifice au nom de l’intérêt général. Belle mascarade sur le théâtre de la représentation, autrement dit de la séparation entre le réel et son image. GP
En effet que Grenoble souhaite devenir la ville qui veuille nourrir la campagne à terme et que son maire pense que la 5G est déployée au but de permettre de regarder des vidéos porno dans l’ascenseur… ce ne sont que des sketchs mal écrits par des amateurs.
Qu’à Bordeaux l’on interdise le traditionnel sapin de Noël sur la place de la mairie et que l’on souhaite développer les toilettes sèches dans les appartements dont les besoins seront récupérés par un service de triporteur à pédales… ce ne sont que des petites idées de têtes de bois fendues.
Qu’à Strasbourg, une illuminée considère impératif de tenir compte, « avec bienveillance », de nos voisins animaux quasiment de compagnie, les rats et les punaises de lit, et qu’en conséquence il faille cesser de les éliminer… on peut espérer que la thérapie de groupe, suite aux rencontres sur le terrain avec les habitants qui en souffrent, pourra soigner la malade.
Qu’à Lyon, capitale de la gastronomie mondiale, on imagine des cantines aux repas sans viande et l’écriture inclusive pour les écrits municipaux, on compatit. On souhaite surtout bon appétit et bonne santé, notamment aux enfants dont le repas d’école est souvent le plus important et le plus équilibré de la journée. Et nous souhaitons bonne chance aux fonctionnaires territoriaux chargés de la rédaction des textes administratifs et à leurs citoyens lecteurs.
Qu’à Marseille l’historien Franck Ferrand soit interdit brusquement de chronique sur le site de la ville qui l’avait sollicitée pour la produire et ce, au seul prétexte de ses sentiments politiques différents de l’adjoint communiste chargé de la culture, cela pose une interrogation qui touche à l’ouverture d’esprit.
Quand, à Paris, le candidat tête de liste EÉLV aux élections municipales et aujourd’hui adjoint d’Anne Hidalgo, dénonce les caméras de vidéo-surveillance le jour même où l’adolescent Yuriy est passé à tabac par une dizaine de personnes et est resté quelques heures entre la vie et la mort, on passe un cap troublant. En effet, ses agresseurs seront confondus justement par ces images heureusement existantes. On ne s’interroge plus, on s’inquiète. Et lorsque sa collègue verte, conseillère municipale, ose une comparaison entre le sort des migrants en France à celui des juifs sous l’occupation nazie… on reste estomaqué face à un tel manque de connaissance politique et historique.
Mais plus récemment, deux décisions vertes du même jus, sont venues remplir le tonneau des absurdités et des insanités à le faire déborder. Elles deux suffisent à éclairer sous son vrai jour le dogmatisme fondamental de la pensée des extrémistes écologiques qui structure l’ossature du parti EÉLV et le mental de ses élus et responsables.
Revenons à Strasbourg. Lors d’une même séance du conseil municipal, la maire refuse de voter la définition de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale de la mémoire de l’Holocauste (Ihra) ainsi que l’invitation au 30e anniversaire du jumelage avec Ramat Gan, ville de la banlieue de Tel Aviv. En revanche, elle propose une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction de la plus grande mosquée d’Europe. Or ses initiateurs, du mouvement Millî Görüs, refusent de signer la charte des principes de l’islam de France. Ce qui, en clair, et ils ne s’en cachent pas, signifie leur refus d’accepter le primat de la loi de la République sur celui de la religion. Par exemple, ils n’acceptent pas l’égalité femme et homme. Rien d’étonnant, ils sont les tenants d’un islamisme radical financé par la Turquie, pays qui vient de se retirer d’une convention réprimant les violences contre les femmes.
Passons maintenant à Poitiers. Ici, la maire verte demande l’arrêt de subventions aux aéroclubs. Le prétexte est simple, les avions polluent et ils ne peuvent plus être des moyens de transport admissibles. Pas question de les encourager. Afin d’être bien comprise, elle ouvre son sentiment profond – si l’on ose le définir ainsi – en déclarant « qu’il ne faut plus que les enfants rêvent d’avion ». Ainsi la pensée verte s’immisce désormais dans l’éducation de nos enfants et veut guider leurs rêves ! Pour l’instant, à ce que je sache, Le petit Prince d’Antoine Saint-Exupéry n’est pas (pas encore ?) interdit dans les bibliothèques et les attractions du Futuroscope, « Dans les Yeux de Thomas Pesquet » ou « Objectif Mars», sont encore au programme…
À ce niveau d’irresponsabilité et de dérangement des sens, on reste sans voix. Or, fort heureusement, elles se sont justement élevées et se multiplient en concert de protestations. En effet, considérer qu’il ne s’agirait que de troubles de l’intelligence passagers ne frappant que quelques-uns, serait une grave erreur. Ce ne sont pas des égarements de communication pas plus que de mauvais moyens, c’est un système complet qui se dessine.
De plus, il ne faut pas croire que la raison peut, à terme, ramener ces sortes d’extraterrestres dans la réalité. Les ayatollahs verts sont en capacité de fédérer de nombreuses personnes comme l’ont pu les ayatollahs de l’islam radical qui l’ont emporté pour diriger politiquement certains pays. Dans les deux cas, il s’agit d’imposer une « religion ». Les militants ont cette obsession quotidienne.
Deux faits historiques nous éclairent.
En Angleterre, au début du XIXe siècle, nait le luddisme. Ce mouvement est hostile au développement de la technologie à l’âge de la révolution industrielle. Ses adhérents vont jusqu’à briser des machines. À l’époque, il est vrai, les conditions de travail étaient particulièrement inhumaines, notamment sous la couronne britannique. Aujourd’hui le luddisme est devenu le néo-luddisme en 1990 et est toujours technophobe. De même les dégradations ou destructions d’équipements comme des occupations de terrain visent à empêcher la construction d’infrastructures. Les néo-luddistes, surtout actifs aux États-Unis où ils revendiquent une rupture radicale avec la société industrielle, invitent à une pensée technocritique et proposent des alternatives à l’idéologie productiviste. Ce courant se développe aujourd’hui en France. Il s’agit bien d’actions carrément politiques qui peuvent prôner aussi la désobéissance civile. Les motifs invoqués sont principalement de trois ordres : écologique, politique et éthique.
En Italie, au XVe siècle, le moine Savonarole après des années de prédicateur intransigeant, chantre de la pureté, dénonce l’ascendant de la luxure et de l’impiété. Petit à petit, il trouve de l’écho parmi les intellectuels de son époque. Laurent de Médicis dit Le Magnifique, pour mieux le contrôler le fait s’établir à Florence, la cité des Arts. Savonarole élu prieur du couvent, suite à la conquête de la Toscane par Charles VIII, établira un gouvernement théocratique rendu célèbre par le bûcher des Vanités. Dans son feu, les images licencieuses, les miroirs, les cosmétiques, les livres non religieux, les jeux, les robes les plus splendides, les livres de Boccace et Pétrarque et des chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art florentin de la Renaissance partent en fumée. Sandro Botticelli a lui-même apporté certaines de ses peintures au bûcher et ne peindra plus de nus, c’est dire l’emprise du moine « moral ».
On le constate, les moralistes et autres donneurs de leçon universelle – comme le furent aussi les fondateurs du communisme et leurs tenants – ne sévissent pas d’aujourd’hui. En certaines occasions, ils ont su et pu entraîner, derrière leurs rêves cauchemardesques et malgré leurs actions sanguinaires et leurs pouvoirs dictatoriaux, des millions de gens. Désorientés par les mouvements erratiques de leur époque, détruits et abrutis par leur misère, mais aussi avides de pureté salvatrice pour certains. Ainsi ont été écrites des pages noires de notre histoire. Toujours les slogans réducteurs et le mensonge permanent étaient leur fond de commerce avec lesquels, sur la base d’une réalité pourtant nécessaire à transformer, ils trompaient leurs admirateurs, dévots nourris d’espoir. Souvent, concernant les extrémistes verts – leur porte-parole à EÉLV en est l’expression parfaite –, on lit qu’ils sont les nouveaux Khmers, les Khmers verts. D’anciens responsables et adhérents de ce parti en sont attristés… mais c’est pourtant cette réalité à laquelle ils sont confrontés. Comme nous.
Aucune époque n’est protégée contre les aveuglements. Sauf par la démocratie du vote.
D. C.
* Sur son blog Vu(es) de Montreuil
Abasourdi de tant d’inepties dites « vertes », lues, entendues, je ne savais comment écrire mon désarroi. Car les trop nombreux dérapages de militantisme extrême, atteignent des sommets aberrants et extrêmement dangereux, sur des points de vues haineux terriblement hors d’un rapport correct avec la nature. En symbiose avec ce virus exponentiel dit « …cancel culture » : populiste, moraliste, inculte.
Merci Gérard.
Ces différentes attaques sur ces nouveaux maires écologistes sur ce qui ne sont que des points de détails repris avec délectation par une partie de la presse et par quelques ministres et sous ministres, ne devraient pas cacher le risque de voir arriver au pouvoir en France en 2022 Marine LePen, avec une politique à la Trump ou à la Bolsonaro. Les écologistes ne sont pas tous des « Khmers verts », loin de là même si certains l’ont été, mais il y a aussi des gens sincères qui se battent pour faire émerger une autre société qui tienne compte des risques planétaires bien identifiés, le réchauffement climatique bien sûr à moyen terme, mais aussi le manque d’eau potable plus vite que l’on ne le pense, le manque d’énergie avec les installations nucléaires de plus en plus en arrêt du fait de pannes, et toujours là à très court terme, le risque d’un hiver nucléaire suite à un accident ou à un geste de folie d’un président. Je précise aussi que les maires écologistes cités sont issus d’une équipe plurielle de gauche et écologiste et que c’est une responsabilité collective prises pour ces décisions qui ne sont que des points de détails par rapport à un catalogue de mesures qui vont dans le sens de l’histoire sociale et écologique. La tactique actuelle de LREM de décrédibiliser l’écologie auprès des citoyens et citoyennes est faite pour préparer dans l’opinion le renouvellement du duel Macron LePen. Seulement en 2022 il n’est pas du tout acquit que les électeurs jouerons le pacte républicain en votant Macron au second tour comme ils l’ont fait en 2017. Alors attention à ne pas jouer avec le feu.
Bien à vous.
Denis Guenneau, coopérateur au Mouvement EELV, proche de ces maires écologistes qui ne sont pas des Khmers verts comme l’ont été c’est vrai quelques anciens du parti des Verts, mais qui sont de nouveaux maires élus qui peuvent parfois avoir des maladresses de communication.
À gauche et déjà en plein désarroi !
Les maires cités ne donnent pas vraiment envie, pour certains ce sont quand même de grosses bourdes ; chez les autres, entre un JLM à visée hégémoniste, un PCF qui tente d’exister sans se faire avaler, un PS auquel on aimerait encore croire, que faire pour n’être point enfermé dans le duel mortel ?
Déjà deux fois,.… j’avais juré que l’on ne m’y reprendrait plus!!
Denis Guenneau : discours de Com”… ne sachant d’ailleurs lire, plus loin qu’un ressentiment d’attaque. Daniel Chaize et moi-même, avons bien écrit les « extrémistes » verts. Et leurs dégâts sans excuses, oui, font le jeu de cette réelle montée brune, inculte, haineuse. Les « gens sincères » qui sont écolos, n’auraient jamais dus s’accoquiner avec des politiques droite ou gauche.
Vous devriez oublier, Mr G., de vous réfugier vers des expressions comme » …un point de détail » aux sinistres souvenirs ! Et ce sont tous ces extrémistes venus de diverses tribus minoritaires, complotistes, intégristes, populistes, …/…, qui « jouent avec le feu » …autre expression qui me fait penser que votre discours ressemblent au risque 2022.
On ne rit plus jaune, mais on rit vert !