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Écologistes en action. Petit inventaire à la Khmers verts

Temps de lecture ± 6 mn

Par Daniel Chaize*

Une névrose ordinaire

Le trajet historique des Verts illustre à sa manière – caricaturale – la question centrale du pouvoir politique ramenée à celle de la conquête politicienne, elle-même expression des égos en mal de reconnaissance. Ce « petit inventaire » brossé par mon ami Daniel Chaize, vient nourrir l’interrogation ancestrale liée chez l’homme à la domination et à l’exercice de la puissance, toutes deux avançant masquées, de nos jours et il semblerait « de toute éternité », derrière le paravent de la politique comme lieu de vertu, voire de sacrifice au nom de l’intérêt général. Belle mascarade sur le théâtre de la représentation, autrement dit de la séparation entre le réel et son image. GP

Cette chronique, j’imaginais attendre les jours précédents le dimanche des élections régionales pour la publier. Mais il se trouve que les poussées printanières de la folie verte m’obligent aujourd’hui. S’il ne s’agissait que d’évoquer la série des propos imbéciles, souvent crasses et parfois comiques, d’élus et de responsables du parti des Verts-EÉLV en mal de reconnaissance, cela aurait pu attendre.

En effet que Grenoble souhaite devenir la ville qui veuille nourrir la campagne à terme et que son maire pense que la 5G est déployée au but de permettre de regarder des vidéos porno dans l’ascenseur… ce ne sont que des sketchs mal écrits par des amateurs.

Qu’à Bordeaux l’on interdise le traditionnel sapin de Noël sur la place de la mairie et que l’on souhaite développer les toilettes sèches dans les appartements dont les besoins seront récupérés par un service de triporteur à pédales… ce ne sont que des petites idées de têtes de bois fendues.

Qu’à Strasbourg, une illuminée considère impératif de tenir compte, « avec bienveillance », de nos voisins animaux quasiment de compagnie, les rats et les punaises de lit, et qu’en conséquence il faille cesser de les éliminer… on peut espérer que la thérapie de groupe, suite aux rencontres sur le terrain avec les habitants qui en souffrent, pourra soigner la malade.

Qu’à Lyon, capitale de la gastronomie mondiale, on imagine des cantines aux repas sans viande et l’écriture inclusive pour les écrits municipaux, on compatit. On souhaite surtout bon appétit et bonne santé, notamment aux enfants dont le repas d’école est souvent le plus important et le plus équilibré de la journée. Et nous souhaitons bonne chance aux fonctionnaires territoriaux chargés de la rédaction des textes administratifs et à leurs citoyens lecteurs.

Qu’à Marseille l’historien Franck Ferrand soit interdit brusquement de chronique sur le site de la ville qui l’avait sollicitée pour la produire et ce, au seul prétexte de ses sentiments politiques différents de l’adjoint communiste chargé de la culture, cela pose une interrogation qui touche à l’ouverture d’esprit.

Quand, à Paris, le candidat tête de liste EÉLV aux élections municipales et aujourd’hui adjoint d’Anne Hidalgo, dénonce les caméras de vidéo-surveillance le jour même où l’adolescent Yuriy est passé à tabac par une dizaine de personnes et est resté quelques heures entre la vie et la mort, on passe un cap troublant. En effet, ses agresseurs seront confondus justement par ces images heureusement existantes. On ne s’interroge plus, on s’inquiète. Et lorsque sa collègue verte, conseillère municipale, ose une comparaison entre le sort des migrants en France à celui des juifs sous l’occupation nazie… on reste estomaqué face à un tel manque de connaissance politique et historique.

Mais plus récemment, deux décisions vertes du même jus, sont venues remplir le tonneau des absurdités et des insanités à le faire déborder. Elles deux suffisent à éclairer sous son vrai jour le dogmatisme fondamental de la pensée des extrémistes écologiques qui structure l’ossature du parti EÉLV et le mental de ses élus et responsables.

Strasbourg subventionne sa "plus grande mosquée d'Europe".

Revenons à Strasbourg. Lors d’une même séance du conseil municipal, la maire refuse de voter la définition de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale de la mémoire de l’Holocauste (Ihra) ainsi que l’invitation au 30e anniversaire du jumelage avec Ramat Gan, ville de la banlieue de Tel Aviv. En revanche, elle propose une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction de la plus grande mosquée d’Europe. Or ses initiateurs, du mouvement Millî Görüs, refusent de signer la charte des principes de l’islam de France. Ce qui, en clair, et ils ne s’en cachent pas, signifie leur refus d’accepter le primat de la loi de la République sur celui de la religion. Par exemple, ils n’acceptent pas l’égalité femme et homme. Rien d’étonnant, ils sont les tenants d’un islamisme radical financé par la Turquie, pays qui vient de se retirer d’une convention réprimant les violences contre les femmes.

© Jiho, Marianne

Passons maintenant à Poitiers. Ici, la maire verte demande l’arrêt de subventions aux aéroclubs. Le prétexte est simple, les avions polluent et ils ne peuvent plus être des moyens de transport admissibles. Pas question de les encourager. Afin d’être bien comprise, elle ouvre son sentiment profond – si l’on ose le définir ainsi – en déclarant « qu’il ne faut plus que les enfants rêvent d’avion ». Ainsi la pensée verte s’immisce désormais dans l’éducation de nos enfants et veut guider leurs rêves ! Pour l’instant, à ce que je sache, Le petit Prince d’Antoine Saint-Exupéry n’est pas (pas encore ?) interdit dans les bibliothèques et les attractions du Futuroscope, « Dans les Yeux de Thomas Pesquet » ou « Objectif Mars», sont encore au programme…

À ce niveau d’irresponsabilité et de dérangement des sens, on reste sans voix. Or, fort heureusement, elles se sont justement élevées et se multiplient en concert de protestations. En effet, considérer qu’il ne s’agirait que de troubles de l’intelligence passagers ne frappant que quelques-uns, serait une grave erreur. Ce ne sont pas des égarements de communication pas plus que de mauvais moyens, c’est un système complet qui se dessine.

De plus, il ne faut pas croire que la raison peut, à terme, ramener ces sortes d’extraterrestres dans la réalité. Les ayatollahs verts sont en capacité de fédérer de nombreuses personnes comme l’ont pu les ayatollahs de l’islam radical qui l’ont emporté pour diriger politiquement certains pays. Dans les deux cas, il s’agit d’imposer une « religion ». Les militants ont cette obsession quotidienne.

Deux faits historiques nous éclairent.

En Angleterre, au début du XIXe siècle, nait le luddisme. Ce mouvement est hostile au développement de la technologie à l’âge de la révolution industrielle. Ses adhérents vont jusqu’à briser des machines. À l’époque, il est vrai, les conditions de travail étaient particulièrement inhumaines, notamment sous la couronne britannique. Aujourd’hui le luddisme est devenu le néo-luddisme en 1990 et est toujours technophobe. De même les dégradations ou destructions d’équipements comme des occupations de terrain visent à empêcher la construction d’infrastructures. Les néo-luddistes, surtout actifs aux États-Unis où ils revendiquent une rupture radicale avec la société industrielle, invitent à une pensée technocritique et proposent des alternatives à l’idéologie productiviste. Ce courant se développe aujourd’hui en France. Il s’agit bien d’actions carrément politiques qui peuvent prôner aussi la désobéissance civile. Les motifs invoqués sont principalement de trois ordres : écologique, politique et éthique.

En Italie, au XVe siècle, le moine Savonarole après des années de prédicateur intransigeant, chantre de la pureté, dénonce l’ascendant de la luxure et de l’impiété. Petit à petit, il trouve de l’écho parmi les intellectuels de son époque. Laurent de Médicis dit Le Magnifique, pour mieux le contrôler le fait s’établir à Florence, la cité des Arts. Savonarole élu prieur du couvent, suite à la conquête de la Toscane par Charles VIII, établira un gouvernement théocratique rendu célèbre par le bûcher des Vanités. Dans son feu, les images licencieuses, les miroirs, les cosmétiques, les livres non religieux, les jeux, les robes les plus splendides, les livres de Boccace et Pétrarque et des chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art florentin de la Renaissance partent en fumée. Sandro Botticelli a lui-même apporté certaines de ses peintures au bûcher et ne peindra plus de nus, c’est dire l’emprise du moine « moral ».

On le constate, les moralistes et autres donneurs de leçon universelle – comme le furent aussi les fondateurs du communisme et leurs tenants – ne sévissent pas d’aujourd’hui. En certaines occasions, ils ont su et pu entraîner, derrière leurs rêves cauchemardesques et malgré leurs actions sanguinaires et leurs pouvoirs dictatoriaux, des millions de gens. Désorientés par les mouvements erratiques de leur époque, détruits et abrutis par leur misère, mais aussi avides de pureté salvatrice pour certains. Ainsi ont été écrites des pages noires de notre histoire. Toujours les slogans réducteurs et le mensonge permanent étaient leur fond de commerce avec lesquels, sur la base d’une réalité pourtant nécessaire à transformer, ils trompaient leurs admirateurs, dévots nourris d’espoir. Souvent, concernant les extrémistes verts – leur porte-parole à EÉLV en est l’expression parfaite –, on lit qu’ils sont les nouveaux Khmers, les Khmers verts. D’anciens responsables et adhérents de ce parti en sont attristés… mais c’est pourtant cette réalité à laquelle ils sont confrontés. Comme nous.

Aucune époque n’est protégée contre les aveuglements. Sauf par la démocratie du vote.

D. C.

* Sur son blog Vu(es) de Montreuil 

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5 réflexions sur “Écologistes en action. Petit inventaire à la Khmers verts

  • Abasourdi de tant d’i­nep­ties dites « vertes », lues, enten­dues, je ne savais com­ment écrire mon désar­roi. Car les trop nom­breux déra­pages de mili­tan­tisme extrême, atteignent des som­mets aber­rants et extrê­me­ment dan­ge­reux, sur des points de vues hai­neux ter­ri­ble­ment hors d’un rap­port cor­rect avec la nature. En sym­biose avec ce virus expo­nen­tiel dit « …can­cel culture » : popu­liste, mora­liste, inculte.
    Merci Gérard.

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  • Denis Guenneau

    Ces dif­fé­rentes attaques sur ces nou­veaux maires éco­lo­gistes sur ce qui ne sont que des points de détails repris avec délec­ta­tion par une par­tie de la presse et par quelques ministres et sous ministres, ne devraient pas cacher le risque de voir arri­ver au pou­voir en France en 2022 Marine LePen, avec une poli­tique à la Trump ou à la Bolsonaro. Les éco­lo­gistes ne sont pas tous des « Khmers verts », loin de là même si cer­tains l’ont été, mais il y a aus­si des gens sin­cères qui se battent pour faire émer­ger une autre socié­té qui tienne compte des risques pla­né­taires bien iden­ti­fiés, le réchauf­fe­ment cli­ma­tique bien sûr à moyen terme, mais aus­si le manque d’eau potable plus vite que l’on ne le pense, le manque d’éner­gie avec les ins­tal­la­tions nucléaires de plus en plus en arrêt du fait de pannes, et tou­jours là à très court terme, le risque d’un hiver nucléaire suite à un acci­dent ou à un geste de folie d’un pré­sident. Je pré­cise aus­si que les maires éco­lo­gistes cités sont issus d’une équipe plu­rielle de gauche et éco­lo­giste et que c’est une res­pon­sa­bi­li­té col­lec­tive prises pour ces déci­sions qui ne sont que des points de détails par rap­port à un cata­logue de mesures qui vont dans le sens de l’his­toire sociale et éco­lo­gique. La tac­tique actuelle de LREM de décré­di­bi­li­ser l’é­co­lo­gie auprès des citoyens et citoyennes est faite pour pré­pa­rer dans l’o­pi­nion le renou­vel­le­ment du duel Macron LePen. Seulement en 2022 il n’est pas du tout acquit que les élec­teurs joue­rons le pacte répu­bli­cain en votant Macron au second tour comme ils l’ont fait en 2017. Alors atten­tion à ne pas jouer avec le feu.
    Bien à vous.
    Denis Guenneau, coopé­ra­teur au Mouvement EELV, proche de ces maires éco­lo­gistes qui ne sont pas des Khmers verts comme l’ont été c’est vrai quelques anciens du par­ti des Verts, mais qui sont de nou­veaux maires élus qui peuvent par­fois avoir des mal­adresses de communication.

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  • Laynat

    À gauche et déjà en plein désarroi !
    Les maires cités ne donnent pas vrai­ment envie, pour cer­tains ce sont quand même de grosses bourdes ; chez les autres, entre un JLM à visée hégé­mo­niste, un PCF qui tente d’exis­ter sans se faire ava­ler, un PS auquel on aime­rait encore croire, que faire pour n’être point enfer­mé dans le duel mortel ?
    Déjà deux fois,.… j’a­vais juré que l’on ne m’y repren­drait plus!!

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  • Denis Guenneau : dis­cours de Com”… ne sachant d’ailleurs lire, plus loin qu’un res­sen­ti­ment d’at­taque. Daniel Chaize et moi-même, avons bien écrit les « extré­mistes » verts. Et leurs dégâts sans excuses, oui, font le jeu de cette réelle mon­tée brune, inculte, hai­neuse. Les « gens sin­cères » qui sont éco­los, n’au­raient jamais dus s’accoquiner avec des poli­tiques droite ou gauche.
    Vous devriez oublier, Mr G., de vous réfu­gier vers des expres­sions comme  » …un point de détail  » aux sinistres sou­ve­nirs ! Et ce sont tous ces extré­mistes venus de diverses tri­bus mino­ri­taires, com­plo­tistes, inté­gristes, popu­listes, …/​…, qui « jouent avec le feu » …autre expres­sion qui me fait pen­ser que votre dis­cours res­semblent au risque 2022.

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