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Aimé Césaire et Germaine Tillion, les amis complémentaires

par Bernard Nantet

"Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
"Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde."

Aimé Césaire, auteur du "Discours sur le colonialisme" écrivait ces phrases en 1955 à l'heure où Germaine Tillion, décédée deux jours après lui à l'âge de 101 ans, dénonçait la "clochardisation" du monde rural algérien résultant de de la colonisation de l'Algérie. Ethnologue, élève de Marcel Mauss, elle avait, depuis 1934, parcouru seule, le plus souvent et à cheval, les douars des hauts plateaux des régions les plus pauvres des Aurès, en Algérie. Dénoncée en 1940 pour avoir participé au réseau de résistance du Musée de l'Homme, elle avait observé dans le camp de concentration de Ravensbrück jusqu'où le mépris pour l'être humain pouvait conduire d'autres êtres humains. Elle n'en fut que plus à même de dénoncer dans son ouvrage "Les ennemis complémentaires" (1960) le système colonial et son cortège d'humiliations, de prisons et de tortures qui sévissaient en Algérie dans les années 1950 pendant cette guerre coloniale qualifiée pudiquement d'"événements".

Aimé Césaire et Germaine Tillion, éternels "amis complémentaires" pour la défense des vaincus, des humiliés et de ceux qui meurent de faim sur une terre capable de nourrir plusieurs humanités pour peu qu'on veuille y prêter un peu d'attention.

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Une réflexion sur “Aimé Césaire et Germaine Tillion, les amis complémentaires

  • La Maison du Rire et de l’Humour, à Cluny,

    a appris avec grande émo­tion et beau­coup de tris­tesse, ce 19 avril, l’envol de Germaine TILLION vers un monde assu­ré­ment meilleur que celui où, sa vie durant, elle s’est bat­tue contre la bêtise et la bas­sesse dont les hommes sont capables.

    Elle sou­haite lui rendre hom­mage pour tous ses fra­ter­nels et si cou­ra­geux com­bats en faveur de la digni­té et la liber­té de l’être humain, en par­ti­cu­lier par son admi­rable capa­ci­té à la pra­tique par­ta­gée de

    « L’HUMOUR DE RESISTANCE »

    que son Opérette bouffe, écrite à Ravensbrück :

    « LE VERFÜGBAR AUX ENFERS »

    sym­bo­lise avec grande force

    Il s’agit d’un des textes les plus sin­gu­liers par­mi ceux qui pro­viennent des camps nazis de la mort.

    Déportée au camp de Ravensbrück en octobre 1943 avec sa mère qui y sera gazée, Germaine Tillion choi­sit d’ai­der ses cama­rades en les entraî­nant dans la créa­tion d’une oeuvre : Cachée au fond d’une caisse d’emballage, elle rédige une « opé­rette-revue » consa­crée à la vie au camp – comé­die lou­foque et en même temps ana­lyse lucide de l’u­ni­vers concentrationnaire.

    Faire mieux com­prendre à ses com­pagnes d’in­for­tune la situa­tion dans laquelle elles se trouvent tout en les fai­sant rire, tel est le but que se donne – et qu’at­teint – cette oeuvre inso­lite : voir son propre mal­heur à dis­tance per­met de mieux lui résister.

    De « l’anus du monde », Germaine TILLON en revien­dra « par hasard et par colère », mais aus­si parce qu’elle est par­ve­nue à en rire et à en faire rire.

    A 20 ans de dis­tance, deux êtres, à l’histoire et au vécu, certes tota­le­ment dif­fé­rents, mais dont les com­bats s’inspiraient, sans doute, aux mêmes sources, nous ont quittés.

    Le sens de l’humour authen­tique et celui, aigu, d’une déri­sion fra­ter­nelle les portaient.

    Salut à toi, Germaine TILLION, Salut à toi, Pierre DESPROGES,

    Puissent vos témoi­gnages nous ins­pi­rer sagesse et esprit fra­ter­nel mâti­nés d’humour.

    « A force de jouer la comé­die, on s’imagine que la vie est une farce. C’est vrai. Mais il faut y croire. Il faut y croire. »

    Farid CHOPEL, un bel humo­riste qui, lui aus­si, s’en allé ce week end les rejoindre

    Etienne MOULRON

    La Maison du Rire et de l’Humour

    71250 CLUNY

    http://​lamai​son​du​rire​.mon​site​.orange​.fr

    emoulron@​orange.​fr

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