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JAZZ. La Seyne, Napoléon, Marmande…

Y a bien des fois j’aime pas les journaleux. Mais les journalistes, la belle affaire. Tenez, ceux qui forgent leurs papiers à chaud sur une tribune de stade, et hop, dans le canard du matin ! C’est beau. Pareil pour un concert. De jazz pendant qu’on y est. La Seyne, Napoléon, Francis Marmande… J’explique.

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John Tchicai jouait et chantait le 26 juillet au XXIIe festival de La Seyne-sur-Mer. Ph. gp
Alain Soler, André Jaume, Bernard Santacruz, John Tchicai et Marc Mazzillo – Photo gp

Hier soir, La Seyne-sur-Mer, dans le Var. 22e festival dit du Fort Napoléon. Car ça se passe là, entre quatre murs de forteresse, en haut d’une pinède qui domine la baie de Toulon. Un lieu comme une arène, mais carrée… Avec des gradins et du sable au fond d’où émerge une scène. Donc pas de toros ni de matadors. Pas de sang, du son. Il y a là, ce soir une sacrée brochette. Pas l’armada des grandes fiestas avec leurs vedettes, mais la fine fleur. Tenez, André Jaume, saxos et flûte. S’il n’était si modeste ce grand logerait au Panthéon.

De même John Tchicai. Hein, quoi, qui ? Une histoire du jazz à lui tout seul, tissée au long de ses 71 balais, né à Copenhague d’une mère danoise et d’un père congolais, déniché par Archie Shepp – je fais vite, les branchés iront au dico du jazz, page 1157. Toujours est-il que le voilà dans la New Thing à New York et on va le trouver aux côtés de Roswell Rudd, Carla Bley, puis Albert Ayler – il enregistre avec lui et Don Cherry, Gary Peacock, Sonny Murray une musique de film, « New York Eye & Ear Control », 1964. Avec John Coltrane, ce sera l’album « Ascension », 1965. Une trajectoire qui passe par la France, près de Perpignan où il vit aujourd’hui.

Retour à hier soir [26/07/07] en sax ténor, puissant et fin au possible, jouant de ses compos, ou celles de Bernard Santacruz, superbe contrebassiste, rejoint pour ce quintet d’un soir (ou plus car affinités très affirmées !) par Alain Soler – quel guitariste ! – et Marc Mazillo à la batterie. Lequel nous a offert, avec John Tchicai à la voix, un mémorable duo de peaux et de scat.

Je m’arrête là sur le concert proprement dit. Car je voulais en fait évoquer un autre artiste, qui lui joue du stylo – enfin du mac à 88 touches, on appelle ça aussi un clavier. Ça fait quelques années qu’on se croise, juste le temps de se saluer, de se dire, oui pas le temps, à la prochaine. Hier pareil. Il s’était réfugié sous un néon dans un coin du fort, comme un greffier de Napoléon. À une heure du mat’, l’affaire n’était pas bouclée. Car il ramait sur son instrument indocile. Jouer du cerveau, déjà c’est pas donné, mais la mise en musique !

Or, notre homme est un musicien. Du verbe, on le sait, et de la contrebasse. Paraît qu’il en touche un bon brin. Il joue aussi du planeur, que nous avons donc en commun, en plus du jazz et moins la corrida – nul n’est parfait. Ses chroniques, hors les olé !, j’en suis fan. Et même jaloux. Il est trop. «Mais non, mais non !» fait-il pour contrer le compliment en baissant un regard ado. Mais si mais si : trop cultivé, trop talentueux, trop bon journaliste. C’est pas dur, si j’avais encore un vœu de métier à formuler, ce serait ça : « Je voudrais faire Marmande». Mais il est là. Et bien là.

PS. Alors, ce papier, ça vient ? (Voir Le Monde daté 28/07/07).

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Jazz au Fort Napoléon. La Seyne-sur-Mer. Miroslav Vitous Trio – en remplacement de Joshua Redman trio (le 27 juillet), Larry Willis (le 28), carte blanche à Médéric Collignon (le 29), Jean-Pierre Llabador (le 30), Christophe Marguet Résistance poétique Quartet (le 30). Tél. : 04-94-06-96-60.

www.jazzfortnapoleon.com

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